Comment faire 5 billions de dollars par an ?

En avril 2018, ISF a envoyé sa toute première délégation aux Nations Unies pour le Forum sur le financement du développement (FFD) à New York! Nous allons maintenant vous parler de notre expérience : ce qui s’est passé, ce que nous avons appris et ce que nous allons faire ensuite.

Allons-y tout de suite.

En quoi consistait le Forum sur le financement du développement ?

En 2015, le monde s’est mis d’accord sur les objectifs de développement durable (ODD), 17 objectifs audacieux pour mettre fin à la pauvreté mondiale, protéger la planète et assurer la prospérité de tous et de toutes d’ici 2030. Ces objectifs sont ambitieux, interconnectés et universels. Ils englobent tout, de la paix et la sécurité à l’amélioration de la santé, de l’éducation et de l’égalité des genres, en passant par la lutte contre les changements climatiques.

Comme on pouvait s’y attendre, ce plan audacieux s’accompagne d’un prix élevé (et légèrement ambigu) : plusieurs billions de dollars par an. C’est pourquoi les pays membres de l’ONU ont signé en même temps le Programme d’action d’Addis-Abeba, un plan visant à financer les ODD.

 

Depuis lors, les membres de l’ONU se sont réuni×e×s chaque année au Forum sur le financement du développement pour suivre les progrès accomplis et réexaminer les pratiques et les processus décrits dans le Programme d’action d’Addis-Abeba. C’est ainsi que se sont réuni×e×s des gouvernements, des institutions multilatérales (y compris l’Organisation mondiale du commerce, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international), des leaders du secteur privé et des représentant×e×s d’organisations de la société civile (comme votre humble serviteur!) du monde entier afin de partager les enseignements tirés de nos expériences, les défis actuels et les nouvelles idées sur la façon de financer et, en définitive, de réaliser ces ODD.

Pourquoi étions-nous là et qu’avons-nous appris?

Il existe de nombreuses façons de créer le changement. Historiquement, le travail d’ISF en matière de politiques et de défense des droits s’est concentré sur les politiques, les pratiques et la budgétisation du Canada touchant le développement international — et continuera à le faire. Mais le Canada peut aussi jouer un rôle de leader dans les forums mondiaux, comme l’ONU, en façonnant les conversations et les normes, et en travaillant en collaboration pour résoudre les problèmes économiques, de développement et autres à l’échelle mondiale. C’est un potentiel qu’ISF est intéressé à explorer.

Compte tenu des campagnes passées d’ISF en faveur de la création d’un institut de financement du développement et de notre travail actuel sur le développement et le financement innovants, le FFD a été une première étape naturelle dans l’élaboration de politiques multilatérales. Nous sommes allé×e×s en apprendre davantage à propos de la conversation mondiale sur le financement du développement, identifier les personnes clés, connaître les défis et les solutions potentielles, entendre parler des nouvelles tendances et innovations, établir des liens, renforcer les capacités de notre équipe et utiliser nos connaissances pour renforcer la politique d’ISF et sa stratégie de plaidoyer — et nous avons beaucoup appris !

Trois des plus grandes leçons que nous avons tirées étaient :

  1. Les investissements du secteur privé sont nécessaires pour atteindre les ODD, mais ils viennent avec de multiples difficultés. Le prix à payer pour les ODD est de l’ordre de billions de dollars et l’on estime qu’il manque 5 billions de dollars annuellement. Bien que les pays donateurs, dont le Canada, considèrent l’investissement du secteur privé — c’est-à-dire les contributions des banques, des compagnies d’investissement, des caisses de retraite, des sociétés et des grandes entreprises — comme un complément potentiel d’aide au développement traditionnel de pays à pays qui pourrait contribuer à combler l’écart, de nombreux pays en développement soulignent que les intervenant×e×s du secteur privé sont trop frileux et frileuses pour investir dans les pays qui en ont le plus besoin (notamment les pays les moins développés, touchés par le conflit ou les plus vulnérables aux changements climatiques), que certains secteurs pourraient subir les effets négatifs de l’investissement privé ou de la privatisation (par exemple, les soins de la santé et l’éducation) et que l’investissement privé doit s’aligner sur les priorités nationales et les stratégies de développement sans compromettre la souveraineté des pays. Bien que les acteurs du secteur privé souhaitent contribuer à améliorer le développement mondial, leurs attentes peuvent ne pas correspondre aux capacités et aux besoins des pays, de sorte que cette discussion complexe est toujours en cours.

    (Apprenez comment les entreprises à but lucratif soutenues par ISF créent des changements sociaux positifs dans leurs communautés.)

 

  1. La technologie et l’innovation permettent aux pays de faire un « bond en avant » dans leur développement, mais elles ont aussi le potentiel de créer des reculs importants. Par exemple, les services bancaires mobiles améliorent considérablement l’accès au financement, mais l’automatisation élimine des emplois précieux à un moment où la population de l’Afrique subsaharienne et la demande d’emploi augmentent. En résumé, nous sommes à l’aube d’une révolution technologique et ces révolutions ne sont pas bienveillantes — il faut mettre en place des filets de sécurité sociale pour soutenir ceux et celles qui risquent d’être laissés pour compte et façonner l’avenir du travail au moyen de politiques publiques, de programmes de perfectionnement des compétences et de possibilités de formation continue.

    (Voici comment ISF répond à ce besoin en investissant dans des entrepreneur×e×s sociaux et des leaders mondiaux au Canada et en Afrique.)

  2. Le Canada a le potentiel de jouer un rôle de chef de file en matière de développement novateur, mais il devra passer de la parole aux actes. Dans sa déclaration de pays, le Canada a reconnu l’importance de l’aide publique au développement (APD) et des nouvelles sources privées ou mixtes de financement du développement. Le Canada s’est récemment engagé à verser 2 milliards de dollars sur cinq ans en APD et 1,5 million de dollars en financement novateur, en plus des 300 millions de dollars acheminés par son institut de financement du développement, FinDev Canada; toutefois, ce montant est inférieur à celui des autres pays donateurs. Le Canada a également déclaré que le rôle du gouvernement était de réduire les risques pour l’investissement privé par le biais de politiques publiques et d’autres efforts gouvernementaux et que l’innovation doit fonctionner pour toutes et tous, en particulier les jeunes et les femmes. Cette attention portée à l’innovation, au genre et à la diversité est l’occasion pour le Canada de donner l’exemple des pratiques exemplaires au pays et de façonner les priorités, les pratiques et les initiatives à l’étranger — mais il devra appuyer ces paroles par des fonds et des actions pour vraiment prendre les devants.

    (Nous demandons au Canada d’en faire plus pour atteindre les ODD grâce à des pratiques de développement et de financement novateurs — voici comment participer !)

En fin de compte, le Forum sur le financement du développement a démontré un engagement mondial en faveur de la réalisation des ODD par l’innovation et de nouvelles approches de financement du développement, mais il n’est pas certain que les efforts actuels seront suffisants pour combler le déficit de financement des ODD.

Quelle est la prochaine étape pour ISF à l’ONU ?

Chaque année, en juillet, les progrès vers la réalisation des ODD sont mesurés pendant le Forum politique de haut niveau pour le développement durable alors que les pays présentent l’Examen national volontaire (le Canada a déjà présenté le sien) et nous y avons pris part!

Nous avons l’intention de continuer à étendre et à renforcer notre influence en matière de politique multilatérale et de plaidoyer en envoyant une délégation pour assister à des sessions, participer à des événements parallèles organisés par des organisations de la société civile et des délégations nationales, ainsi que rencontrer des partenaires existant×e×s et potentiel×le×s.

Nous nous efforçons également d’intégrer nos apprentissages dans notre stratégie et nos plans pour les années à venir, et nous nous attendons à avoir plus d’occasions d’engagement, particulièrement pour notre communauté de jeunes leaders, à l’avenir, alors restez à l’écoute !

Vous voulez dire bonjour à un monde sans pauvreté?

Œuvrer en faveur des ODD — vers un monde sans pauvreté, durable et prospère pour tout le monde — est le projet le plus ambitieux de l’histoire de l’humanité. Nous sommes engagé×e×s à aider à y parvenir, et vous? Joignez-vous à notre campagne #Allô2030 pour passer à l’action !

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