Une saison en évolution

Un poème personnel écrit par Eric Otieno, entrepreneur, auteur, champion de la santé mentale, militant et participant au programme Kumvana 2019.

Dans le contexte de la #Journéeinternationaledesfemmes, l’amour inébranlable de ma mère apporte le souvenir cinglant de sa vulnérabilité; l’audace et le courage avec lesquels elle m’a élevé. Je me suis enraciné dans la vie à la manière de l’eau, en développant des relations solides avec les autres, si bien que je souffre lorsque j’ai l’impression que les personnes à qui je tiens me cachent leur vérité ou manquent de franchise.

Je voulais voir le côté du Canada que l’on ne voit pas dans les nouvelles et parler aux personnes pouvant être considérées comme démunies.

Dans cette contrée lointaine, vers laquelle je suis allé avec une grande ouverture d’esprit et le désir d’en apprendre le plus possible, j’ai rencontré l’un des plus beaux peuples que la vie m’ait amené à côtoyer. Lorsque l’équipe d’Ingénieurs sans frontières Canada m’a demandé qui j’aimerais rencontrer dans le cadre de mon programme au Canada, j’ai expliqué que je voulais ressentir comment vivaient les gens des plus petites communautés éloignées des villes, puisque la plupart de mes ami·e·s voyageant à l’étranger pour des conférences ou d’autres activités ne s’arrêtent que dans les grandes villes et dorment dans les grands hôtels.

L’équipe m’a envoyé à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, une belle petite ville tranquille située sur la côte Est canadienne, où j’ai passé la moitié de mon séjour cette semaine. J’ai eu ici des conversations renversantes avec des militant·e·s pour la justice sociale, des artistes, des entrepreneur·e·s, des enseignant·e·s et des dirigeant·e·s incroyables d’organisations à la fois émergentes et prospères. Tous étaient foncièrement honnêtes avec moi en ce qui concerne leur travail, prenant le temps de tout m’expliquer avec passion.

J’ai appris que les gens d’ici en savent très peu sur l’Afrique, et qu’il en découle une fausse représentation de mon continent. C’est drôle comment, de retour à la maison, nous parlons Anglais et nous nous intéressons ardemment à Hollywood, aux politiques américaine et européenne, alors que les propriétaires de ces grandes sociétés et de ces systèmes de gouvernance dépeignent l’Afrique à leur population comme n’étant qu’une seule nation, promouvoient des notions d’appauvrissement, d’hostilité et de damnation. Ils ne connaissent rien de notre culture, de notre musique ou de nos langues. À l’inverse, je constate comment ce même système contribue à la déshumanisation de l’Occident aux yeux de l’Afrique, en ce sens que nous pensons qu’ils possèdent toutes les solutions dont nous avons besoin et que tout va bien de leur côté… ce qui est loin d’être vrai.

J’ai essayé de me lier d’amitié avec la neige. Ça vous transforme.

J’ai appris qu’une femme, ici, a changé le cours de l’histoire canadienne : Viola Desmond, une femme d’affaires canadienne de descendance noire néo-écossaise. En 1946, elle a défié la politique de ségrégation raciale dans un cinéma de New Glasgow, en Nouvelle-Écosse, en refusant de quitter son siège situé dans une section réservée aux gens de race blanche du Roseland Theater. Son histoire est l’un des incidents de discrimination raciale les plus médiatisés de l’histoire canadienne et a contribué au démarrage du mouvement moderne des droits civiques au Canada. À la fin de 2018, Desmond est devenue la première femme née au Canada à apparaître seule sur un billet de banque canadien — le billet de 10 $ — et à être nommée personnage national historique. Une grande, grande dame!

J’ai essayé de me lier d’amitié avec la neige. Ça vous transforme. Les tempêtes m’ont beaucoup affecté, mais je suis en train de m’en remettre. Les gens ont été gentils avec moi, même si je n’ai vu que cinq personnes de race noire cette semaine. J’ai aussi rencontré un Kenyan de Mombasa. Quel bonheur que d’entendre son vif accent Swahili si loin de la maison. Il est curieux d’être entouré de gens dont la langue maternelle est l’Anglais et qui, parfois, ne parlent que cette langue. La familiarité des langues Swahili et Sheng’ me manque.

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