Quelques anecdotes du mois national du génie 2017 : Nicolas Choquette-Levy, Université de Calgary

ISF célèbre le mois national du génie en partageant les anecdotes des membres de notre communauté de formidables ingénieur·e·s ! La technologie évolue à un rythme effréné et c’est grâce à un amalgame d’esprits variés, créatifs, curieux et rigoureux que nous pourrons garantir que notre organisme demeurera novateur, avant-gardiste et au service de l’humanité. Cette année, le thème de ce mois d’activités est : « Une place vous attend ». Nous espérons que ces anecdotes vous inspireront à mener un parcours personnel stimulant dans les domaines de l’ingénierie et de la technologie.

Qui suis-je?

Quand j’étais jeune, mes deux revues préférées étaient Scientific American et Foreign Affairs. J’adorais lire au sujet des dernières percées en biotechnologie, en astronomie ainsi qu’en matière d’environnement et les différentes cultures et la politique internationale me fascinaient tout autant. Depuis toujours, j’essaie de conserver un pied dans ces deux univers et c’est pourquoi j’ai étudié en génie biomédical ainsi qu’en relations internationales à l’université. Lorsque j’ai découvert le concept de « la pensée systémique », soit un cadre scientifique qui permet d’expliquer les interactions complexes entre les sociétés, la politique et la technologie, j’ai réalisé qu’il s’agissait de la solution idéale pour fusionner ces univers.

Au cours des cinq dernières années, j’ai eu la chance de peaufiner mes idées à propos de la pensée systémique de manière continue, tout en occupant des postes axés sur le développement durable dans le secteur de l’énergie à Calgary, en Alberta. De nombreux projets m’ont mis au défi de mesurer et de réduire les répercussions environnementales liées à l’exploitation des ressources, mais les expériences qui m’ont le plus marqué sont celles où j’ai dû travailler en collaboration directe avec les communautés autochtones de la province. Même si j’ai suivi une formation officielle, je suis certain que si je suis devenu un meilleur penseur systémique, c’est grâce à l’approfondissement de mes connaissances au sujet des cultures autochtones.

Le point de vue des Autochtones et la pensée systémique

Je me souviens encore de l’une des premières réunions auxquelles j’ai assisté dans le cadre de mon nouvel emploi. On m’avait présenté à un groupe de personnes provenant de l’industrie, du gouvernement, des écoles et de la communauté qui travaillaient de concert afin de bâtir un avenir meilleur pour deux communautés autochtones du nord de l’Alberta. Pour briser la glace, des vice-président·e·s d’entreprises ainsi que des directeurs et des directrices d’écoles se sont joint·e·s à des jeunes le temps d’une activité où des mouvements de hanches, des smashs avec des raquettes de tennis et les pas de danse les plus populaires du moment, de même que beaucoup de rires, étaient au rendez-vous. Ce moment ne ressemblait en rien au travail d’ingénierie que je m’étais imaginé accomplir, mais il présentait assurément un changement rafraîchissant par rapport aux réunions de projets habituelles où chaque personne consulte son téléphone à tout instant!

Mes rencontres suivantes avec des groupes autochtones m’ont appris que toutes les cérémonies sont essentielles (autant celles qui sont brèves et servent à détendre l’atmosphère que les plus longues, telles que celles de purification par la fumée et du calumet) puisqu’elles permettent de souligner le travail important et les échanges. Quand nos cinq sens sont en éveil lors du moment présent et que nous laissons de côté nos préoccupations et nos distractions quotidiennes, nous sommes en mesure de nous concentrer sur les valeurs fondamentales et de faire « ralentir les variables » qui façonnent véritablement nos communautés et nos systèmes.

Ces cérémonies insistent également sur l’importance que les cultures autochtones accordent au renouvellement et à la renaissance. Dernièrement, un chef métis m’a dit que pour croire au renouvellement, il faut accepter que rien ne soit jamais définitif. En fait, nous devons vivre dans un environnement dynamique qui nécessite des mises au point, de l’adaptation et une régénération en continu. Comment pourrait-on améliorer les projets d’ingénierie s’ils étaient conçus non pas comme un processus linéaire avec un début et une fin prédéterminés, mais plutôt comme un cheminement circulaire qui offre des occasions périodiques de renouvellement?

« Toutes mes relations »

Par-dessus tout, j’ai appris que de nombreuses langues autochtones possèdent une variante d’une expression qui se traduit par « toutes mes relations ». Cette expression s’insère dans une façon de voir le monde où toutes les choses sont liées et essentielles à la compréhension des différents aspects de la création. Nous jouons tous et toutes un rôle dans la création de l’identité de nos semblables et, par la suite, nous en jouons un autre tous et toutes ensemble afin de forger l’identité de nos communautés. Nous puisons notre force ainsi que notre compréhension dans la nature et vice versa, et nous sommes indissociables des générations de nos ancêtres et de celles à venir. Puisque des projets de plus en complexes sont inhérents à la profession d’ingénieur·e, je ne vois pas de meilleur guide pour comprendre notre incidence sur les sociétés que nous servons et nos responsabilités envers ces dernières.

Comment pouvez-vous intégrer la pensée systémique d’un point de vue autochtone dans votre travail ou votre organisme? Mon propre parcours ne fait que commencer, mais je peux vous donner quelques conseils. Lire des livres qui explorent la culture autochtone peut être un bon point de départ (les livres Mon pays métis de Ralston Saul et La force de marcher de Wab Kinew m’ont été particulièrement utiles) et bien comprendre le travail de la Commission de vérité et réconciliation est également essentiel. Cependant, c’est en tirant parti de mon expérience, que j’ai acquise grâce à des conversations avec des ami·e·s et collègues autochtones ainsi qu’en prenant part à des cérémonies de purification par la fumée et du calumet, que j’ai le plus appris. Si vous êtes membre d’un organisme, songez à inviter des membres autochtones à diriger votre groupe au cours d’une cérémonie, ou mieux encore, demandez à un autre groupe qui en organise déjà une si vous pouvez vous joindre à lui. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un parcours à durée indéterminée dans lequel vous devrez vous engager envers l’apprentissage et le renouvellement de manière permanente.

Comment avez-vous célébré le mois national du génie? N’hésitez pas à nous le faire savoir et à prendre part à la discussion en utilisant #MNG2017!

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