Prenez des #InitiativesAUDACIEUSES, Ministre Champagne !

C’est en janvier 2018 que le Canada va lancer l’Institution de financement du développement (IFD) qui investira 300 millions de dollars dans des entreprises sociales pour réduire la pauvreté et encourager la croissance économique. C’est une excellente nouvelle ! ISF a mené une campagne acharnée pour l’IFD et nous sommes heureux de la voir se mettre en place.

Mais pourquoi, pourquoi se concentrer sur une IFD ?

Il y a deux ans, les leaders mondiaux ont adopté les objectifs de développement durable, un ensemble ambitieux de 17 objectifs et de 169 cibles qui visent à « mettre fin à la pauvreté, protéger la planète et assurer une vie prospère pour tous et toutes ». L’estimation des coûts pour leur réalisation grimpe de 3,5 à 5 billions de dollars par an.

Ça, c’est une facture qui monte haut !

Pour que vous ayez une échelle de comparaison, si vous additionnez les dépenses militaires de tous les pays, le total resterait inférieur à 1,7 billion par année. En parallèle, d’après le CAD – OCDE, toute l’aide publique au développement (APD) provenant de la totalité des pays bailleurs de fonds dans le monde reviennent à 143 milliards de dollars.

Si tous les pays donneurs respectaient leur engagement de longue date d’attribuer 0,7 % de leur RNB (ce qu’ils devraient absolument faire !), cela nous amènerait à 313,5 millions de dollars. Ce serait un immense pas vers l’avant, mais ça resterait insuffisant pour répondre aux priorités mondiales en matière de développement durable.

C’est pourquoi le monde est à la recherche de fonds d’autres provenances (et de plus grande importance) et de manières innovantes de financer le développement. Les IFD y jouent un rôle clé. Un simple dollar investi par une IFD peut attirer entre 5 et 12 $ d’investissements privés.

Avec le lancement de la nouvelle IFD, le Canada rejoindra enfin les Pays-Bas, l’Allemagne, la France et les autres pays qui font des investissements financiers pour influencer le développement et encourager les investisseurs privés à suivre le mouvement.

Mettre en place l’IFD au Canada n’est pas la destination finale, seulement le commencement !

Maintenant que le Canada a inclus l’IFD dans son budget fédéral, on ne peut pas se taper sur l’épaule et passer à l’affaire suivante. On doit s’assurer que l’IFD fasse vraiment son travail. Malgré les nombreuses attentes envers l’IFD canadienne, les commentateurs se sont mis d’accord pour dire que la priorité est de définir son mandat et de se concentrer pour que ce soit un complément, et non un substitut, aux investissements privés et à l’aide publique au développement.

L’IFD canadienne devrait investir dans des entreprises, des secteurs et des pays qui peuvent sembler trop risqués pour que le secteur privé ne puisse pas ou ne veuille pas investir (ils doivent se lancer tête baissée là où les institutions privées n’ont jamais mis les pieds !).

C’est le cœur de notre campagne #InitiativesAUDACIEUSES. À ISF, on pense que l’on manquerait une occasion si l’IFD canadienne investissait dans des entreprises, des secteurs et des pays qui reçoivent déjà un nombre important d’investissements, tant par des prêteurs privés que par d’autres IFD.

Quel risque l’accompagne ?

Concrètement, cela signifierait de se concentrer sur les pays les moins avancés, un groupe comprenant les 47 pays les plus pauvres dans le monde. Ces derniers reçoivent des investissements directs étrangers extrêmement bas et fluctuants : moins de 1 % des investissements privés mondiaux et moins de 25 % d’investissement venant d’autres IFD.

Cela impliquerait également de se concentrer sur les secteurs sociaux tels que la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement. Ces derniers ne reçoivent qu’une petite partie des investissements, probablement parce qu’ils ne promettent pas de revenus immédiats à l’instar d’autres secteurs (plus sûrs), tels que les services bancaires et financiers, les ressources naturelles, l’énergie et la production manufacturière (qui reçoivent plus de la moitié des fonds de toutes les IFD).

Enfin, cela signifierait aussi de soutenir des entreprises en phase de démarrage, comme l’a fait la Banque mondiale en Inde (sans se préoccuper des pays les moins avancés, cependant), et d’être les premiers à investir en un·e entrepreneur·e avec une idée brillante avant que d’autres investisseurs ne lui fournissent des millions de dollars de financement.

Voici les épopées des entreprises (sociales) en vedette

Pour que l’IFD puisse remplir sa mission, elle doit investir dans des entreprises dirigées par de jeunes femmes entrepreneures.

Parce que les femmes n’ont habituellement pas accès à un capital important, lorsqu’elles essayent d’avoir accès à du crédit pour lancer leurs entreprises, elles sont considérées comme des clientes trop risquées et sont mises à l’écart des marchés du crédit.

Habituellement, les femmes ne possèdent pas non plus le capital nécessaire pour construire une entreprise dans des secteurs tels que les services financiers ou les technologies de l’information, alors que dans ces environnements, il est facile de contrôler les revenus et de croître rapidement en générant du profit.

Par conséquent, elles sont poussées dans des secteurs tels que la vente au détail ou des services qui présentent non seulement des marges de profit plus faibles, mais également où les occasions de croissance sont limitées et où le risque d’échec est plus élevé.

Ce n’est pas une surprise si les investisseurs privés ne sont pas attirés face à ça. Mais c’est exactement là où l’IFD canadienne devrait se diriger.

Prenez des #InitiativesAUDACIEUSES, ministre Champagne !!!

Tout cela demande une volonté digne de Capitaine Kirk de faire preuve d’audace et de prendre des risques.

Nous demandons au ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, superviseur de l’IFD, de relever le défi. Nous lui demandons de s’engager à ce que l’IFD du Canada soutienne les entreprises en phase de démarrage considérées à risque, dans les secteurs et les pays qui en ont le plus besoin.

Nous demandons au ministre Champagne de prendre des #InitiativesAUDACIEUSES !

Rejoignez-nous sur Twitter le 26 octobre à 15 h HNE pour faire entendre votre opinion en utilisant #SoiréeauChampagne !


Prateek Awasthi (
@prateekawasthi), directeur des politiques et du plaidoyer d’ISF Canada.

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