Canada : mettons l’excellence en mouvement

Le vide international

Le ministre Bill Morneau a récemment déclaré que le Canada ne « pouvait pas en faire plus avec moins » en lien avec le niveau de nos fonds d’aide internationale. Bien que l’on puisse plaider en faveur d’une meilleure efficacité, nous devons nous interroger si cela sert les intérêts fondamentaux du Canada, à moyen et à long terme.

Jetons un œil à ce qui se fait chez nos voisins. Durant les 100 premiers jours de son mandat, l’administration Trump a annoncé qu’elle avait l’intention de couper les fonds pour USAID et rompre ses engagements envers les Nations Unies. Tout cela, en plus d’abroger l’amendement Cardin-Lugar et de se retirer de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Il faut aussi souligner que Donald Trump envisage de couper dans l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l’institution de financement du développement du gouvernement des États-Unis, et ce, bien que l’institution soit profitable à la trésorerie américaine depuis 37 années consécutives.

Acronymes et législation mis de côté, la vitesse remarquable à laquelle cette administration se distancie des efforts de coopération internationale est sans précédent et envoie le message au reste du monde que les mesures diplomatiques pour soutenir le développement durable et combattre la corruption sont des priorités de moindre importance. À la lumière d’une faible croissance économique, le Canada peut sembler raisonnable de jouer prudemment, mais le moment ne pourrait pas être pire considérant que le Nigéria, la Somalie et le Soudan du Sud vivent présentement l’une des pires famines connues en 70 ans. De plus, la migration des réfugié·e·s devient si grave qu’elle se fait même sentir jusqu’aux frontières canadiennes.

Un jeu de patience

C’est bien connu que des incidents qui semblent lointains ont une profonde incidence chez nous. Il y a un discours établi qui préconise de se mêler de nos affaires et de se retirer des engagements internationaux. Cependant, cette approche ne sera pas bénéfique pour le Canada à long terme parce que les crises internationales ne feront qu’empirer et nous en ressentirons les conséquences jusque dans nos foyers, à un coût beaucoup plus important. En tant que Canadiens et Canadiennes, nous devons résister à l’appel de se mêler seulement de nos affaires et nous devons rêver grand. Nous devons nous engager à suivre une stratégie de développement à long terme exploitant autant les fonds publics que ceux privés dans le but de combler le vide créé par l’administration Trump. Plutôt que l’efficacité, c’est l’excellence que nous devons viser.

Viser l’excellence

L’excellence, dans ce contexte, ne se limite pas à augmenter le montant des fonds que le Canada fournit déjà. Elle correspond plutôt à laisser libre cours au plein potentiel des efforts menés par le Canada dans des partenariats avec des pays en voie de développement, à travers l’utilisation d’outils d’envergure internationale pour atténuer les crises et créer une certaine stabilité avant qu’elles n’empirent. Rechercher l’excellence supposerait que la nouvelle institution de financement du développement canadienne ait comme mandat principal la diminution de la pauvreté et que, pour y arriver, elle jouerait un rôle complémentaire à l’aide internationale à titre de véhicule permettant la croissance économique dans les pays en voie de développement. Viser l’excellence obligerait le Canada à injecter annuellement des fonds prévisibles dans son enveloppe de l’aide internationale (EAI) avec l’intention d’atteindre la cible de l’ONU, soit 0,70 % du revenu national brut d’ici 2030. Viser l’excellence implique que le Canada reprenne les rênes de l’efficacité du développement pour assurer que nous maximisons nos retombées dans les pays avec lesquels nous travaillons.

Mettons l’excellence en mouvement. Nous pouvons travailler de pair avec les élu·e·s officiel·le·s et aider à faire évoluer la compréhension de l’importance d’une stratégie de développement à long terme pour notre pays et pour l’étranger. Pour que tout cela se concrétise, nous pouvons signaler des tensions dues à des incompréhensions entre les secteurs public et privé. Nous pouvons aussi transformer les idéologies dans les communautés en aidant les gens à reconnaître le lien implicite entre la réduction de la pauvreté mondiale et la réduction de la pauvreté au pays et, de mon point de vue, les journaux et les mairies sont les meilleurs endroits pour commencer.

Un Canada courageux

Les Canadiens et Canadiennes identifient souvent les États-Unis comme un symbole de grandeur et d’importance et pourtant, nous aspirons rarement à épouser ces qualités. En raison du grand vide créé par l’administration Trump, de nombreux pays se tournent vers le Canada pour trouver un modèle et des conseils. Il est vrai que ce territoire est nouveau pour nous et qu’il est déroutant, mais nous devons reconnaître qu’il s’agit d’un moment opportun nous permettant de montrer notre propre importance et que nous devons trouver le courage de le faire.

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