Atteindre un changement systémique grâce à la technologie, l’IA et les entreprises sociales

Que représentent 1 million d’appareils

Au cours de l’année dernière, Ingénieurs sans frontières Canada (ISF) a examiné plus de 300 nouvelles entreprises sociales à travers l’Afrique subsaharienne, dont 30 % dans le secteur de la technologie. Les entreprises misent sur les analyses d’information et l’intelligence artificielle car la téléphonie mobile a des taux de pénétration élevés sur le marché avec approximativement 1 million d’appareils utilisés dans la région. Cela signifie que la qualité de vie d’un nombre plus élevé de personnes pourrait être améliorée par les entreprises sociales utilisant des technologies et ce, surtout lorsque l’on se rappelle qu’on s’attend à un doublement de la population d’ici 2050 et que les jeunes africain·e·s sont plus portés à l’usage des téléphones et des technologies que leurs aîné·e·s.

Malgré l’adoption de la technologie et sa portée, ainsi que l’abondance d’entreprises introduisant des appareils dans leurs compagnies, l’Afrique est à la traîne d’autres régions en ce qui a trait au potentiel de croissance économique projetée venant de technologies avancées et de l’intelligence artificielle (IA). Selon un rapport de PwC publié au début de l’année, les pays en développement bénéficieront de gains économiques (environ moins de six pour cent du PIB) équivalant à la moitié ou moins des gains attendus en Europe, en Asie développée et en Amérique du Nord.

Investir, mesurer et diminuer les risques

La faiblesse des infrastructures du marché de commercialisation des innovations est le principal facteur à l’origine des inégalités de croissance et de potentiel de l’IA entre les économies développées et celles en voie de développement. Les entreprises dans les pays développés disposent d’un milieu universitaire efficace, de talent et de financement pour aider les nouveaux commerces à pénétrer le marché. Mobiliser plus de fonds, de talent et créer des partenariats peut accélérer la croissance des entreprises en Afrique subsaharienne, et par conséquent l’usage de la technologie et ses répercussions sur les revenus.

ISF concentre son approche d’investissement sur la résolution des lacunes en financement et en talent pour les entreprises aux stades de préamorçage ou d’amorçage. Notre objectif est d’être l’investisseur fondateur pour des entreprises sociales et de les aider à amener leurs idées ainsi que leurs commerces à une échelle viable et durable. En bout de ligne, le but est d’atténuer les risques et de catalyser des investissements subséquents provenant d’autres sources.

À ce jour, nous sommes investis dans neuf entreprises sociales, dont six font l’usage de technologies avancées pour lutter contre les causes fondamentales de la pauvreté et des inégalités. En juillet, ISF a investi dans M-Shule, une entreprise de technologie éducative qui utilise l’intelligence artificielle pour créer des examens adaptés à chaque élève dans des communautés kényanes mal desservies. Lorsque l’on prend en compte les ratios élèves/enseignant·e·s élevés ainsi que les prévisions quant à la croissance de la population plus jeune, l’algorithme de M-Shule aide les élèves à recevoir un enseignement personnalisé. Les élèves abonné·e·s à la plateforme répondent à des questions par SMS et le niveau de difficulté s’adapte à leurs résultats. Les données des élèves abonné·e·s sont collectées pour aider les personnes intervenant dans le cycle de l’éducation de l’élève. Les abonnements pour le personnel enseignant, les administrations des écoles et les parents leur donnent accès aux données et les aident à mieux remplir leurs rôles envers l’élève.

FarmDrive, une entreprise dans laquelle ISF a investi en 2015, crée des profils financiers pour les petites exploitations agricoles à l’aide d’un modèle d’évaluation du crédit en utilisant les analyses de données et la technologie mobile. L’agriculture fournit autour de 65 % des emplois et 32 % de la production domestique brute. Cependant, plus de 90 % des 48 millions d’exploitant·e·s agricoles de l’Afrique subsaharienne manque d’accès à un crédit institutionnalisé. Le manque de financement pour ces agriculteurs et agricultrices est d’approximativement 450 millions. Grâce à des profils financiers, les exploitant·e·s peuvent profiter d’une meilleure qualité de vie ou d’un accès au crédit ou à des prêts pour se procurer de nouvelles ressources, autant des véhicules que des outils ou des apports de meilleure qualité, qui leur permettront d’améliorer la durabilité ou la rentabilité de leurs opérations.

M-Shule et FarmDrive ne sont que deux exemples d’entreprises sociales qui démontrent comment l’adaptabilité de leurs plateformes sert mieux leurs bénéficiaires. Nos investissements ont aidé M-Shule à lancer leur projet pilote et, moins de deux mois plus tard, 17 écoles et près de 300 élèves s’étaient abonné·e·s à la plateforme. Pendant les deux années au cours desquelles ISF a investi dans FarmDrive, la compagnie a signé avec près de 2 000 exploitations agricoles au Kenya et a assuré le suivi des investissements d’autres partenaires, dont SafariCom.

Intelligence artificielle, retombées réelles

ISF s’est déclaré neutre à l’égard des secteurs et compte le rester, mais le potentiel de l’analyse des données et de l’intelligence artificielle pour résoudre les problèmes sociaux persistants a capté notre attention. Les investissements mondiaux dans les technologies et l’IA ainsi que la croissance économique projetée résultant de l’IA au niveau mondial a attiré encore davantage notre attention sur le potentiel de ce secteur naissant en Afrique subsaharienne. La technologie y a envahi les entreprises, suggérant que cette région pourrait être près de réaliser le plein potentiel de l’intelligence artificielle.

ISF prend aussi une pause face à cette accélération. Notre approche d’investissement s’assure que les technologies avancées ou l’IA sont des solutions qui auront des effets systémiques sur les problèmes auxquels fait face la région en question. Pour ISF, la mission sociale d’une entreprise vient en premier, puis suit l’étude sur la façon dont le modèle intègre des technologies pour atteindre ses objectifs. Une bonne compréhension du problème apporte un produit ou un service plus efficace, et le succès d’une entreprise se définit par le nombre de personnes qui ont vu leurs vies s’améliorer grâce à elle. Et c’est en grande partie pour cela que nous croyons dans l’investissement dans des idées locales pour des solutions locales.

Bien que l’IA ait de précieuses qualités, elle n’a pas d’avantages intrinsèquement égaux et elle n’est pas non plus conçue de façon égale. Appliquer des outils de l’IA à des régions qui ne sont pas considérées comme des marchés cibles peut causer un certain nombre de dégâts à long terme. L’évolution rapide des technologies rend ce danger exponentiellement élevé. Par exemple, des outils d’éducation financière qui ne prennent pas en compte les réalités locales présentent ce type de risques élevés. Ils peuvent mener à un comportement financier malsain, ou pire, à de la méfiance à l’égard de ces produits ou de ces initiatives ainsi qu’envers le système financier officiel dans son ensemble.

La collaboration, la pensée critique et le fait de se poser des questions difficiles sont la clé de l’assurance que les technologies avancées et l’IA en Afrique subsaharienne continuent d’être une solution viable pour s’attaquer aux causes fondamentales de la pauvreté. Alors que le monde court pour récolter les retombées économiques prévues de la technologie, autant à l’échelle régionale que mondiale, gardons également à l’esprit ce dont les gens ont besoin aujourd’hui pour savoir où l’on va dans le futur. ISF ainsi que d’autres investisseur·e·s et expert·e·s peuvent aider les entreprises sociales en Afrique subsaharienne qui priorisent les besoins actuels de la population et des systèmes existants afin de créer de meilleures perspectives économiques et sociales pour les générations futures.

Visitez la page portant sur nos initiatives pour plus d’information sur les entreprises dans lesquelles ISF est investi.

James Haga, vice-président, stratégie et investissement James supervise les investissements de l’organisation ainsi que ses modèles de compétences et de plaidoyer visant la réduction de la pauvreté. Il dirige les investissements, le capital, les séjours sur le terrain et les services de consultation aux entreprises sociales à but lucratif en démarrage. James a 10 ans d’expérience de travail dans les marchés africains et on le reconnaît comme un leader visionnaire et un expert des retombées sociales. Plus récemment, James a reçu des demandes pour parler devant Le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international ainsi que le Comité permanent des finances pour apporter un témoignage d’expert sur une série de défis budgétaires canadiens et fédéraux visant à mettre en place l’institution de financement du développement du Canada.

Muthoni Wachira, directrice, investissement Muthoni dirige la stratégie globale du portefeuille d’ISF, s’assurant que les décisions prises pour nos investissements contribuent à nos objectifs de retombées sociales. Elle gère l’équipe d’agent·e·s d’investissement d’ISF en Afrique subsaharienne et oriente l’évaluation des potentiels investissements dans des entreprises sociales de la région. Muthoni a 10 ans d’expérience dans les finances et l’investissement en Europe et en Afrique, en plus d’avoir été une Acumen Fellow en 2017 ainsi que directrice principale des placements pour le Schooner Africa Fund. Au cours des dix dernières années, Muthoni a cofondé deux entreprises de technologies financières en démarrage qui, ensemble, ont offert leurs premiers prêts à 10 000 personnes vivant dans des zones mal desservies ainsi qu’à des micros et petites entreprises. Elle est titulaire d’un baccalauréat en actuariat de la Cass Business School à Londres.

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